29.6.08

To the Dancers on the Ice

Catégorie : Son histoire à Lui

Il regarde ces quatre jeunes filles danser, bouger au rythme, ensemble. Synchronisation parfaite. Sur son banc, il rencontre une camarade de classe, à qui il enverra plus tard du bout de sa main un baiser volé. Il se tourne et se retourne, il sait qu'elle doit venir, s'en fiche un peu, mais y pense quand même. Il croise son regard, elle l'observait.

Il chute plusieurs fois d'affilée, il s'est fait mal, mais ne doit pas le montrer. Il s'en veut, ne sait pas ce qui lui arrive, essaie de ne pas penser aux remontrances que lui valent ses ratées. Il fait des mimiques, fait rire, et continue sur sa lancée. Rien ne peut l'arrêter, c'est l'art de la piste.

Toujours plus fort, toujours plus dur, il fixe le mur. Il sent les regards qui passent à travers lui, il se concentre. Quelques confettis gisent encore à ses pieds. Il ne doit pas y penser, il se concentre. S'il relève la tête, il croisera son regard. Peut-être sait-il qu'elle ne regarde que lui, alors qu'il est immobile et à l'écart, peut-être.

C'est à son tour de jouer, il s'imprègne de la musique, suit les rythmes, attrape les balles, exécute ses pas. Il est déchainé, il ne pense plus à rien. La lumière l'aveugle, il est le milieu de toutes les attentions, il ne sait pas s'il a peur ou s'il est satisfait. Les applaudissements retentissent dans la salle, mais il n'a pas le temps d'en profiter pleinement. Il fait des faux-pas, se trompe par-ci par là, mais il aura tout son temps pour le regretter plus tard. Il a dans ses bras sa partenaire, figés dans une position sensuelle, leurs lèvres sont à deux doigts de se frôler. Le spectacle continue.

Il a besoin d'une bonne douche. Fatigué, il fait le tour, dit bonjour, discute, dit au revoir, se pose, observe. Il se dit qu'il ferait bien d'aller lui parler, histoire de la remercier d'être venue. Il la regarde quelques instants. Elle sourit, toujours aussi gênée, prononce quelques faibles syllabes. Alors il s'en va, d'autres l'attendent. Il est quand même soulagé qu'elle ne l'évite pas. Il sait que cela aurait pu être pire.

Emmitouflé dans ses couvertures, il ne pense qu'au lendemain, où tout recommencera. En mieux, il l'espère. Avant de sombrer dans la nuit paisible qui l'attend, il pense inconsciemment qu'il serait content qu'elle revienne.

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[Souvenirs d'un 25 juin au chapiteau d'Adrienne, Underground. Aurélien, Cécile.]

To the Dancers on the Ice

Catégorie : Son histoire à Elle

Pingouins de la Marche de l'EmpereurEt elle s'accroche, encore et toujours. A ce fil, ce fil rouge, elle y croit. Elle cherche à se souvenir, alors qu'elle devrait oublier ; elle cherche à voir, alors qu'elle devrait se cacher ; elle veut, elle veut... encore et toujours.

Les émotions fusent et se perdent dans le silence de l'oubli.

Elle se rappellera toujours de ce moment, du moment où elle a reconnu la musique. Pour elle, c'est un signe, car elle ne veut pas, elle ne doit pas, elle ne peut pas perdre. Il se mouvait devant ses yeux, il dansait devant l'éternel et narguait les sens, et elle, dans sa folie, s'était mise à imaginer... Sur la même musique, une valse, des murmures, une étreinte. Sous le chapiteau, elle ne voit plus que lui, et elle se perd. Elle se perd à ne plus avoir pied, dans des scènes fantasques et irréelles.

C'est la fin du spectacle, elle jette les dés. Ces yeux qu'elle n'osait plus croiser la dévisagent et lui sourient. Elle est perdue, elle a gagné.

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[Souvenirs d'un 25 juin au chapiteau d'Adrienne, Underground. Aurore, Aurélien. La Marche de l'Empereur.]

14.6.08

Des Skittles ?

Catégorie : Son histoire à Elle


Des désillusions, aux couleurs de l'arc-en-ciel et au goût acidulé. Des déceptions, toujours accompagnées d'hésitations. Elle y voit une trace d'espoir, même si elle sait qu'elle ne doit pas. Leurs regards se croisent, leur corps s'effleurent, leurs oreilles se tendent et guettent ; elles guettent les moindres gémissements, produit de leurs secrets ébats.

Elle cherche une explication, se perd dans un abîme de questions. Comment pourrait-elle oublier ? Il a imprégné son odeur dans la sienne, pour toujours. L'esprit vidé de toute trace de bon sens, les mains vides, elle part. Elle part pour ne revenir jamais.

Sombrant dans un sommeil dont elle souhaite ne jamais se réveiller, elle rêve d'un monde imaginaire où tout n'est pas parfait, mais où elle pourra le sentir contre elle encore une fois, sans que la notion d'interdit ne l'envahisse. Elle n'en peut plus de se faire mal. Alors inconsciemment, elle s'enlève et remet les pieds sur Terre. Dans ses propres songes.

Au lever du soleil, elle est déjà prête. La pluie la pourchasse, elle est damnée. Elle ne comprend plus rien, elle doit faire preuve de maturité, elle, encore si jeune et si petite. Elle doit effacer de sa mémoire tous ces souvenirs et puis tout recommencer.

On ne l'a plus jamais revue. Ce soir-là, elle a disparu avec ses remords, enfouie sous le poids de ses larmes. Elle ne l'a jamais oublié. Peut-être un jour ira-t-il la chercher ? Elle continue à garder espoir, même si elle sait que c'est peine perdue. Ses oreilles continuent à guetter. Ses mots résonneront toujours en elle, à l'infini. « Des Skittles ? »

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12.6.08

En cadence

Catégorie : Son histoire à Elle

Je tiens à préciser que le mercredi 11 juin 2008 à 7h17 du matin, les escalators montants situés près de la station de métro Esplanade de la Défense étaient en état de marche. Ca ne va rien apporter à la compréhension de ce qui suit et ça ne changera rien à votre vie, mais c'est juste que c'est tellement rare que... hum.


Le sourire sur les lèvres, elle marche au pas, les écouteurs dans les oreilles. Elle regarde le ciel, bleu couvert de nuages blancs qui paraissent effilochés.
[...]
Il est là sur le quai, noyé dans une masse de gens pressés, fatigués. Des gens lambdas qui, eux, n'ont pas la force d'esquisser un sourire, encore moins à des inconnus. Il passe devant elle, sans la voir, repère un siège libre, va s'assoir puis repose tranquillement sa tête sur la vitre taguée du métro. Ses boucles forment des épis, mais il ne s'en soucie guère. Il baille, et continue son somme, le temps de quelques stations. Elle ne veut pas le déranger, alors elle feint de ne pas l'avoir vu. Comme d'habitude.
[...]
Ils marchent côte à côte, silencieusement, au même rythme. «Excuse-moi». Pressés par le temps, conduits par le vent, les mots sont éphémères et pourtant immortels. Ils sont précieux, et elle les garde jalousement car c'est son trésor le plus cher. C'est la dernière fois qu'ils se voient.
[...]
Assise sur la rambarde, elle croise le regard de celui qu'elle attendait, mais d'un accord tacite, personne ne bouge, et ils sont tels deux étrangers. Secrète, obscure, impénétrable, voilà ce qu'est leur relation. Ils ne s'ignorent pas, et c'est loin d'être de l'indifférence, c'est juste leur étrange manière de communiquer. Il peut deviner que dans ses oreilles retentit les notes qu'ils n'ont cessé de chantonner chacun de leur côté.
[...]
Allongée sur le banc, le soleil lui brûle le visage, elle se cache les yeux. Elle regarde les oiseaux, si petits, qui volent, là-haut, libres. Les nuages semblent à portée de mains, ils ressemblent à quelque chose qui lui est familier. Mais avant qu'elle ne puisse s'en rappeler, le vent les déforme. Le souvenir restera secrètement dans son esprit jusqu'à ce qu'il puisse être réveillé de nouveau.
[...]
Elle se sent étrangère à elle-même. Passant du blanc au rouge, du rouge au noir, dans un mélange gris pâle de sensations. Les couleurs ne signifient rien, pourtant elle continue à y croire. Elle a grandi dans les couleurs. Elmer l'Eléphant Barriolé ne peut pas lui avoir menti. Elle n'est pas seule mais pourtant la solitude la ronge car elle se sent incompréhensible et incomprise. Puis elle se réveille, et tout rentre dans l'ordre. Elle a les pieds sur terre, cette petite fille.
[...]
Elle peut imaginer les centaines de papiers colorés papillonner, voleter puis enfin atterrir dans le hall. Les marches sont poisseuses, le sol blanc de farine. Elle cerne cette insouciance qui n'arrive plus à l'atteindre, car trotte dans sa tête un rire qu'elle n'a pas pu entendre le matin-même.
[...]
Les sensations la font frissonner. Devant elle, les acteurs jouent, les musiciens de même. Et les spectateurs restent atterrés devant un spectacle si grandiose. La scène bouge et prend vie, rien n'est laissé à l'abandon, car chaque détail compte.
[...]
En elle, il y a comme une tempête qui se déchaine. Elle n'a pas envie de parler de cette soirée.
[...]
Seule, elle rentre dans la nuit noire. Toujours seule, sous les ténèbres, les miaulements et les grincements inquiétants. Les réverbères n'éclairent rien dans la résidence, l'ombre des allées se dessine à peine, et c'est dans une atmosphère lugubre que le personnage évolue. Mais elle ne se pose pas de questions, elle marche toujours au pas, et rentre fatiguée de sa journée.
[...]
A 3h25 du matin, elle sent sont portable vibrer 4 fois, c'est l'accusé de réception qu'elle attendait ainsi que l'arrivée de deux nouveaux messages qu'elle aurait dû lire bien avant de se coucher. Elle ne pense même plus à maudire son satané portable, Londres est saine et sauve.

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